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Channel: Jean-Pierre Pécau – Bulles picardes
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Ballon d’essai sur fond de crépuscule de la guerre froide

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Luftballons, tome 1: Able Archer 83, Jean-Pierre Pécau (scénariste), Maza (dessinateur). Editions Delcourt, 56 pages, 14,95 euros.

C’est reparti pour une nouvelle uchronie d’aviation. Dans un contexte plus contemporain que les deux guerres mondiales qui servaient généralement de cadre jusqu’ici à la majorité des albums du genre. Et le récit colle beaucoup – pour l’instant – à l’Histoire réelle.

1983, l’Otan lance une grande manoeuvre dénommée « Able Archer 83 », qui fait craindre au bloc de l’Est un risque de déclenchement de la 3e guerre mondiale. La pilote est-allemande Lena Stauss est aux premières loges, échappant de peu à une attaque par des avions américains.
Mais une autre guerre, plus secrète, se déroule également, orchestrée par Markus Wolf, le chef de l’espionnage est-allemand, qui est par ailleurs l’oncle de Lena et de sa soeur Romi (partie avec ses parents à Berlin-Ouest en 1953, pour une mission d’espionnage au long cours). Les pions se mettent donc en place, dans l’attente, peut-être, de la confrontation fatale, le tout sur l’air de 99 Luftballons du groupe allemand Nena…

Si la couverture et le début de l’album peuvent laisser penser à  un nouvel album principalement axé sur la guerre aérienne à la Tanguy et Laverdure, ce n’est pas l’aspect le plus intéressant de cette nouvelle série, appelée à se développer sous forme de mini-cycles de 2 ou 3 albums, à raison d’une sortie par trimestre.
Déjà auteur de la série uchronique USA über alles, Jean-Pierre Pécau et le dessinateur bosniaque Maza se centrent ici sur la guerre de l’ombre et la personnalité de Markus Wolf – qui fut, en effet et pour de bon, un grand espion est-allemand. Et ils s’immergent bien dans l’époque de ce milieu des années 80, ou la tension entre les Etats-Unis de Reagan et l’URSS était forte, avant l’écroulement définitif de l’Union soviétique, faillite ici pressentie par Wolf. Sous réserve de développements ultérieurs, « l’uchronie » revendiquée relève plus pour l’instant de la liberté d’interprétation de personnages ou de situation (l’installation de fusées Pershing) ayant réellement eu lieu.
L’originalité est aussi de se placer du côté des soviétiques et non des occidentaux, même si le régime de la RDA et les gérontes bureaucratiques du Kremlin en prennent pour leur grade.
Côté dessin, Maza est plus à l’aise et doué pour dessiner les avions – magnifiques – que leurs pilotes et, plus globalement, que tous les personnages humains, victimes d’un trait réaliste un peu rigide et froid. Mais la mise en place de l’histoire est bien faite et sans recourir à un cliffhanger spectaculaire ou angoissant, ces ballons-là donnent envie de le suivre.


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